Longtemps décrié comme étant une pratique digne des hommes de Néandertal:-), le portage du bébé à l'africaine a souffert d'une longue période de "désaffection". Cependant de nombreuses études et expériences récentes ont prouvé le bien-fondé de cette pratique. Porter son bébé à l’africaine, nous continuons d’en parler aujourd’hui tout en mettant cette fois-ci en lumière les nombreux avantages de cette pratique sur le développement physique, psychologique et moteur du bébé porté.
Les bienfaits du portage pour le bébé sont tellement nombreux qu'ils ont fait (et continuent de faire) l'objet de maintes recherches dont certaines sont mentionnées dans ce billet.
Contact corporel permanent et température idéale
L’enfant a besoin de contacts charnels pour que son système nerveux soit mature de façon adéquate. Lorsqu’il est porté, il bénéficie de ce contact en plus de l’odeur de sa maman. Par ailleurs, avant ses 2 mois le bébé ne parvient pas à réguler sa température corporelle. Au dos de sa mère, il se trouve à une température idéale. Même en cas de forte chaleur, le corps de sa mère reste aux environs de 37°C. C'est d'ailleurs pour cette raison que les bébés touaregs sont portés dans les djellabas de leurs mères : la température est de 40°C à l'ombre. Le bébé souffrirait de déshydratation s'il n'était pas au frais contre sa mère.
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Besoins mieux perçus
Dès que l'enfant a faim, sa mère décode sa demande rapidement et le nourrit sans qu'il ait à pleurer. De même lorsque l'enfant mouille ou souille ses couches, sa maman le remarque tout de suite et peut le changer sans attendre. Ainsi, l'enfant ne s'épuise pas à essayer d'attirer l'attention pour communiquer son besoin. Placé contre son parent, cette communication s'installe d'elle-même.
Dès que l'enfant a faim, sa mère décode sa demande rapidement et le nourrit sans qu'il ait à pleurer. De même lorsque l'enfant mouille ou souille ses couches, sa maman le remarque tout de suite et peut le changer sans attendre. Ainsi, l'enfant ne s'épuise pas à essayer d'attirer l'attention pour communiquer son besoin. Placé contre son parent, cette communication s'installe d'elle-même.
Participation à la vie familiale
L'enfant partage facilement sa mère avec les autres car sur le dos, les deux forment qu’un. Il sent par exemple quand sa maman gronde, réconforte ou fait des câlins à son aîné. Il est le petit témoin silencieux qui participe à la vie quotidienne de toute la famille.
Stimulation motrice
L'enfant porté bouge avec son porteur, il participe au portage en utilisant sa musculature. En effet, il s'accroche au corps de son porteur, surtout avec ses cuisses relevées et écartées. L'enfant développe ainsi précocement son sens de l'équilibre et tous les aspects de sa psychomotricité. De plus le pagne n’empêche pas ses mouvements, il peut bouger comme il le souhaite. Tout cela amène l'enfant à prendre conscience de son corps plus rapidement et à marcher plus tôt que les enfants non portés. Enfin, et non des moindres, le portage du bébé à l'africaine prévient les problèmes de hanches. Ainsi, les enfants africains portés ainsi ne connaissent (presque) jamais les luxations de la hanche.
« Grâce aux mouvements de la mère, sont stimulés non seulement l'ensemble des récepteurs de l'épiderme mais aussi les organes moteurs et équilibreurs. Les réflexes nerveux et musculaires du bébé réagissent à chaque changement de l'équilibre. » [1]
Sentiment de sécurité physique et psychologique
L'enfant est à l'abri des agressions qui l'entourent. Agressions physiques comme la chaleur, le froid... et agressions psychologiques comme l'approche d'étrangers. L'enfant est protégé en se blottissant contre son parent. « Le contact visuel et corporel intensif avec la mère […] crée un sentiment de sécurité, dont l'effet psychologique est d'une valeur inestimable. »[2]
Moins de pleurs
L'enfant porté crie et pleure beaucoup moins qu'un enfant non porté. Les bébés portés n'ont pas des crises de pleurs le soir à l'approche de la nuit. Cela a été prouvé par des études anthropologiques, notamment celle parue dans ‘‘Pediatrics’’ en 1996. Sur 100 enfants observés, le portage réduisait les pleurs et l'agitation de 43% le jour et de 51% la nuit. Le bébé se sentant protégé, en sécurité, aimé, objet de soins et d'attentions, n'a pas besoin de pleurer pour se faire comprendre de son parent. Du coup, il économise son énergie et peut la consacrer à son développement. « Les pleurs d'un enfant sont, du point de vue biologique, sa manière d'émettre […] un signal d'alarme acoustique lorsqu'il a perdu le contact avec sa mère, la personne qui le protège... » [3]
Meilleure digestion
Le système digestif est très influencé par l'état psychologique. Le bébé porté étant moins stressé, il digère mieux. De plus, la position verticale de l'enfant participe à la bonne digestion, favorise les rots et diminue les reflux. Alors que le bébé est porté, son abdomen est automatiquement massé ce qui diminue les coliques et facilite le transit intestinal.
Bonne humeur, calme
L'enfant porté profite de la vie avec sa mère car il entend ses rires, sa voix, ses chansons, ses soupirs, sa respiration et son cœur qui bat. . Il perçoit aussi les vibrations du corps de sa mère quand elle parle, chante, rit, s’abaisse, se relève, bouge, tourne, ce qui lui rappelle son environnement intra-utérin donc l'apaise et le rend heureux. Souvent même, il laisse échapper des rires suscités par les mouvements cadencés de sa mère! Tout cela contribue à éveiller le bébé à la vie. Les enfants portés sont plus calmes, se développent plus harmonieusement, dorment mieux, pleurent moins, sourient beaucoup et sont plus éveillés. Ainsi, le portage répond à ses besoins psycho-affectifs.
Sommeil facile, au bon moment
Les enfants portés ne sont pas atteints de troubles du sommeil, si fréquents à notre époque. Ces troubles sont entre autres dus au fait que certains parents laissent l'enfant dormir seul avec ses peurs. Par ailleurs, le sommeil du bébé étant très important pour sa croissance, il est primordial de respecter son rythme naturel sans JAMAIS donner au bébé des médicaments sédatifs ou hypnotiques. « L'équilibre des rythmes biologiques doit venir de l'intérieur, (et non des médicaments) au fur et à mesure qu'avance sa construction cérébrale ». [4]
Alors, pour faire endormir un bébé, rien de plus simple et efficace que de le porter sur le dos avec un pagne, en dandinant légèrement histoire de le bercer. Ils adorent en plus!
Adaptation correcte de la vision
L'œil de l'enfant n'est mature qu'à 2 ans. Un nouveau-né focalise à environ 19 centimètres. La distance entre la tête du porteur et le bébé est d'environ 20 centimètres, c'est la distance idéale qui permet au bébé de visualiser son environnement immédiat alors que sa vue n'est pas encore complètement développée et ce jusqu’à 2-3 mois, âge auquel il commencera à voir de plus en plus loin. Au départ la vision du bébé n'est que d'une faible portée, ses besoins étant satisfaits par le contact proche avec ses parents. Ensuite, sa curiosité
Bébé curieux au dos de sa mère! |
s'éveille envers son univers proche, immédiat puis éloigné. Le bébé porté découvre son environnement de haut comme un adulte, il observe, regarde. « Le bébé voit mieux son entourage. Ainsi, le cerveau infantile reçoit plus d'impressions ce qui stimule davantage son cerveau et, par là, son développement. » [5]
Redressement progressif de la colonne vertébrale
Le fœtus a passé neuf mois dans l'utérus, la colonne vertébrale arrondie. Et le bébé dispose d'environ une année pour redresser sa colonne vertébrale afin qu'il puisse marcher mais ATTENTION ! Cela doit se faire petit à petit sans empressement aucun. Là encore, il faille respecter le rythme de l’enfant. Porter un bébé sur le dos favorise ce développement progressif de sa colonne vertébrale.
Bien installé dans un pagne au dos de sa mère, le dos du bébé entouré et soutenu uniformément est protégé et se forme harmonieusement. D’abord l’enfant se blottira en boule contre le dos de sa mère, ensuite au fil des semaines et des mois, il lèvera régulièrement la tête et tendra le cou pour regarder autour de lui. Ensuite, il pourra relever le tronc et se tenir assis au dos de sa mère jusqu'à ce que sa colonne vertébrale se redresse totalement afin que l'enfant puisse se tenir debout. Son système nerveux disposera donc des conditions et du temps nécessaire pour bien se développer. De même, les disques intervertébraux s'adapteront mieux. Ainsi en portant son bébé au dos, la mère respecte ces étapes de son développement.
Par contre, lorsque le bébé est couché à plat, sa colonne vertébrale est déroulée et étirée : il n'est pas à l'aise. Et mal porté (dans les kangourous par exemple ou autre) le bébé risque de souffrir plus tard de maux de dos, de déplacements de vertèbres ou de glissements de disques.
En conclusion, notez que le portage du bébé comble son besoin, besoin de tout être humain d'ailleurs, de communiquer avec ses semblables. Lorsqu’il est porté, l’enfant n'est pas cantonné à une relation exclusive avec sa maman. Il est à hauteur d'homme, il participe aux activités familiales, il regarde autour de lui, il est regardé, il s'exprime, il bouge, fait des gestes ... en un mot il communique. Ces échanges relationnels sont décryptés par la maman et l'entourage. Chacun s'enrichit de l'interaction qu'ils vivent ensemble. Cependant, des chercheurs ont remarqué que des enfants africains portés trop longtemps contre le dos et avec un pagne trop serrée (empêchant l’enfant de bouger tête et corps) présenteraient certains troubles visuels et moteurs à cause du manque de stimulation visuelles, tactiles et motrices. Des carences importantes se manifesteraient alors au cours du développement ultérieur. L’idéal serait donc de trouver un équilibre pour éviter de basculer dans l’excès.
Vous vous doutiez que le portage ait également des avantages pour la mère ? Eh bien, vous avez raison ! Rendez-vous dans quinze jours pour en parler et d’ici là, excellente semaine!
[1,2,5] Extrait d'un article rédigé par Prof. Dr. Ernst J. Kiphard, Institut de recherche de l'éducation physique et sportive de l'Université de Francfort
[3] Prof. Dr. Bernhard Hassenstein, spécialiste de la biologie du comportement, Université de Freiburg
[4] Les compétences du nouveau-né du Dr Marie Thirion
[4] Les compétences du nouveau-né du Dr Marie Thirion
En médaillon, photo de ''Association Un''
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