mardi 17 avril 2012

Le Ndolè: Une affaire de Camer! (1)



             S’il existe bien un plat, de renommée internationale, qui fait la fierté et l’honneur de nos amis Camer (entendez par la, camerounais :-), c’est bien le Ndolè. Aussi attrayant au regard que succulent au palais, ce plat est un ‘‘must’’ et s’en priver lors de son passage au Cameroun serait un véritable péché de non-dégustation ! De plus, le Ndolè est réputé pour ses vertus thérapeutiques mais sa renommée gastronomique ayant pris le dessus, il a même fini par devenir  en ce sens un concept culturel au Cameroun...

Rendons nous aujourd'hui au pays d'Eto'o Fils pour découvrir ce plat mythique et attester de sa préponderance dans la culture camerounaise!  



 Le Ndolè, plante médicinale


Le N’dolè est en réalité le nom camerounais de la plante nommée vernonia. C'est un arbuste sauvage de la forêt équatoriale dont les feuilles réputées pour être très amères, sont consommées surtout vertes mais aussi parfois séchées. Cette plante, cultivée dans des jardins familiaux se retrouve dans le sud-ouest du Cameroun et au Nigéria ou elle est connu sous le nom de ‘‘Bitter Leaves’’, feuilles amères. Les vertus thérapeutiques contenues dans les feuilles et racines du N’dolè lui octroient des propriétés toniques, digestives, apaisantes et fébrifuges. Quoique l’utilisation la plus courante des feuilles de Ndolè soit le traitement contre les vers intestinaux, elles sont efficaces pour lutter contre diverses pathologies. On utilise les décoctions de ces feuilles pour traiter la diarrhée, la dysenterie, l’hépathite et la pneumonie (toux) et les menstruations douloureuses. De plus, cette même décoction encourage la fécondité et les feuilles de Ndolè traitent aussi la gale. Par ailleurs, ces feuilles contiennent des substances comparables à la quinine, ce qui explique son goût amer. Il n’est donc pas étonnant que le Ndolè soit également un remède pour soigner  le paludisme et les maux de tête chroniques. Le jus extrait des feuilles broyées est utilisé pour traiter la diarrhée chez les bébés, ainsi que la jaunisse.  Au Nigéria notamment, la feuille chauffée et appliquée sur une blessure a la réputation d’arrêter le saignement. Au Kenya, la décoction de racines s’emploie comme purgatif et pour traiter les douleurs abdominales. Au Zimbawe, on utilise l’infusion de racine pour lutter contre les maladies sexuellement transmissibles. 

Le Ndolè, plat national du Cameroun
Le Ndolè est un plat à base de feuilles du même nom cuites dans une pate d’arachide. Ce plat occupe une place incontournable dans la culture SAWA, qui est un peuple du littoral et du Sud-Ouest Camerounais. Cependant, le Ndolè a fini par devenir un plat national partagé par l’ensemble du peuple camerounais. En effet, Le Ndolè est au camerounais, ce que le kédjénou est aux ivoiriens ; le tchep aux Sénégalais, le couscous aux marocains. Il n'existe pas de rassemblements familiaux au Cameroun où on ne consomme pas le Ndolè à combien plus forte raison les grandes cérémonies.

Le N’dolè, concept culturel
 Les SAWA sont attachés au Ndolè à tel point qu’avant d’épouser une femme le test culinaire qu'ils lui font passer c’est la préparation de ce plat. Si elle y échoue, elle perd considérablement des points auprès de sa belle famille et pourrait par la même occasion dire au revoir à son projet de mariage avec son prince charmant, vu que ce sont les ‘‘mamans’’ du futur époux qui la noteront.  De plus, Le Ndolè est tellement intrinsèque à la culture camerounaise que lorsqu’un homme demande à son pote s'il a ‘‘mangé le Ndolè de telle femme’’, sa question ne doit en aucun cas être pris au premier sens ! En réalité, il ce qu’il veut savoir est si son pote est déjà allé au lit avec cette femme ! Egalement, pour montrer à une femme qu’elle n’est qu’une cuisinière médiocre (ce qui est injuste d’ailleurs car il n’y a pas que la cuisine dans le foyer !), on dira d’elle avec un ton méprisant : ‘‘Tu ne sais même pas préparer le Ndolè !’’ Un peu comme pour dire qu’elle ne sait même pas faire cuire un œuf !  Un bon plat de Ndolè s’accompagne de plantains frits, bouillis  ou de  ‘‘Miondo’’,  bâtons de manioc confectionnés avec du manioc frais fermente dans de l'eau, rendu en pate, emballé dans des feuilles nouées avec un fil et cuit a la vapeur.
Vous avez des vues sur un Camer ? Alors, les filles, à vos fourneaux car cette catégorie spéciale de bipèdes évolués males, doués d’intelligence et qu’on retrouve au Cameroun (une longue métaphore pour parler des hommes camerounais !) raffole de ce plat et ce n’est pas de la blague ! Le mieux serait d’apprendre  sans plus tarder à le cuisiner! C’est justement pourquoi je vous propose une recette très simplifiée du Ndolè…mais vous devez encore attendre 15 jours pour l’obtenir ! Héhéhé tout vient à point à qui sait attendre et croyez-moi, votre future belle-mère n’y verra que des feuilles, pardon que du feu !

Merci à Yann Koller pour sa précieuse aide! En très bon camer, il dit aimer tellement le Ndolè qu’il s’est une fois littéralement mordu le doigt en le dégustant ! Bref, c’est sans commentaires…quand je vous disais qu’ils en raffolent ! :-)

Sources:

PROTA: Ressources Vegetales de l’Afrique Tropicale: http://www.prota.org/fr/

Ressources végétales de l'Afrique tropicale 2: légumes

Backhuys Publishers,CTA, Wagenigen, Pays Bas, 2004

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