mardi 7 janvier 2014

L’autre Mandela ou le revers de la gloire (2)


      Décédé le 5 décembre dernier, les obsèques de Nelson Mandela ont fait l’objet d’un buzz planétaire. Les yeux du monde entier étaient rivés sur l’Afrique du Sud où l’illustre homme recevait une marée d’hommages posthumes de la part de tout le gotha politique. L’occasion est donc toute trouvée pour revenir sur la vie de cette icône, ce héros légendaire et intemporel, l’africain le plus célèbre, qui à l’instar de tout homme célébrissime, ne fut point épargné par le revers de la gloire comme en témoigne ce petit florilège de sa vie… 

David Motsamayi:
L’un des clients de Mandela qu’il a défendu; le 11 janvier  1962, utilisant un faux passeport au nom de David Motsamayi, Nelson Mandela a quitté secrètement l’Afrique du Sud pour un voyage à travers l’Afrique et en Angleterre afin d’obtenir un soutien (communiste) pour la lutte armée de l’ANC. Il a reçu une formation militaire au Maroc et en Ethiopie puis retourna en Afrique du Sud vers la fin de cette même année. Raison pour laquelle le gouvernement Sud-Africain d’alors traitait l’ANC de communiste.

Invinctus[1] :
Ce poème de William Ernest Henley (1843-1903) est connu pour être le préféré de Mandela. Le titre latin signifie ‘‘invaincu, dont on ne triomphe pas, invincible’’. Ce poème joua un grand rôle dans la vie de Nelson Mandela durant sa période d'incarcération à Robben Island. Il l'avait écrit sur les murs de sa prison. Il le lisait et relisait chaque jour, et il explique lui même que c'est probablement ce qui l'a fait tenir dans les moments les plus sombres.

‘‘ Tout homme ou institution qui essaiera de me voler ma dignité perdra.’’


INVICTUS

Dans les ténèbres qui m’enserrent,
Noires comme un puits où l’on se noie,
Je rends grâce aux dieux quels qu’ils soient,
Pour mon âme invincible et fière,
Dans de cruelles circonstances,
Je n’ai ni gémi ni pleuré,
Meurtri par cette existence,
Je suis debout bien que blessé,
En ce lieu de colère et de pleurs,
Se profile l’ombre de la mort,
Et je ne sais ce que me réserve le sort,
Mais je suis et je resterai sans peur,

Aussi étroit soit le chemin,
Nombreux les châtiments infâmes,
Je suis le maître de mon destin,
Je suis le capitaine de mon âme.


Maitresses :
En 1955, Evelyne la 1ère épouse de Mandela qui avait des doutes sur la fidélité de son mari toujours absent (pas uniquement à cause de ses obligations politiques, figurez-vous !), découvrit que ce dernier  avait pour maîtresse une responsable de l'ANC (African National Congress).  Une autre militante de l’ANC s’inscrira à son tableau de chasse à cette même période. (Notez qu’il y a bien longtemps que l’ANC est sa chasse-gardée !) D’ailleurs les groupies ne manquaient jamais  autour de lui. Tout cela précipitera son divorce d’avec Evelyne. Le futur ‘‘tombeur’’ de l’apartheid était d’abord un ‘‘tombeur’’ de femmes. Séducteur, charmeur et facilement charmé, il rechercha toujours la compagnie des femmes, comme en témoignent les nombreuses idylles qu'on lui prête et ce, depuis son très jeune âge.  N’a-t-il pas écrit dans une lettre envoyée de sa prison, en février 1985 "Je garde de mon enfance dans le Transkei les souvenirs et les rêves les plus agréables, je chassais, je volais des épis de maïs, et j'ai appris à courtiser les filles" ?   

Parents :
Mandela est né de Nonqaphi Nosekeni et Nkosi Mphakanyiswa Gadla Mandela. Le père de Mandela est mort lorsque ce dernier avait 8 ans et sa mère est décédée en 1968 alors qu’il était incarcéré. Il n’a pas obtenu l’autorisation de l’administration pénitentiaire pour se rendre à ses obsèques. Il en sera de même pour son premier fils qui mourut l’année d’après, en 1969, dont il n’assistera pas non plus aux funérailles.

Regret (son plus grand) :
L’état dans lequel il a trouvé sa famille à sa sortie de prison en 1990. Il était si désemparé par ce qu’il a vu qu’il a presque regretté le sacrifice monumental fait pour son pays. Il a regretté ne pas avoir été là pendant 27 ans pour jouer son rôle de père de famille et voir ses enfants grandir. C’est d’ailleurs ce qui l’a motivé à n’exercer qu’un seul mandat à la présidence de l’Afrique du Sud. [2]

Roi du déguisement :
La capacité de Mandela à se dérober des services de sécurité était connue de ses compagnons de l’ANC. Ses prête-noms (faux-noms) étaient nombreux, comme ses déguisements pour voyager incognito en Afrique du Sud et ainsi échapper à la police apartheid: chauffeur, jardinier, cuisinier… Tout cela a bien fonctionné…  jusqu’à 1962 où il fut démasqué et arrêté.

Surveillant (de Roben Island)
Un surveillant particulier retiendra notre attention. Il était décrit par Mandela comme l’un des plus méchants. Chaque jour, Mandela passait le plus près possible de ce surveillant au sommet de la tour,  pour lui souffler : “Il y a plus haut et plus puissant que toi. Dieu te jugera.”

Terrorisme :
Le MK, branche armée de l’ANC, cofondée par Nelson Mandela et dont il fut le commandant en chef,  était tristement célèbre en Afrique du Sud pour ses actes de sabotage des infrastructures de l’Etat, de terrorisme à la bombe et aux mines anti-char ainsi que son camp de détention où les tortures et exécutions étaient monnaie courante. La MK fut créée au début des années 60 suite au massacre de Sharpeville et après l'échec des campagnes de protestation non-violente dans la lutte contre l'Apartheid. Jusqu’à 1990 cette milice armée aura endeuillé des centaines de famille aussi noires que des blanches et fait autant de blessés. C’est pourquoi le nom de Nelson Mandela figurait sur la liste des terroristes établie par les Etats-Unis jusqu'en 2008.

‘‘Université de Robben Island’’ :
Les militants anti-apartheid qui étaient condamnés à une peine de prison à l’Ile de Robben disaient qu’ils allaient ‘‘étudier outre-mer’’, comme quand on part en Angleterre ou en Amérique… En réalité, Robben Island a été une ‘‘université’’ pour beaucoup d’entre eux, à l’instar de Jacob Zuma, l’actuel président sud-africain, qui n’a reçu aucune éducation formelle et dit avoir ‘‘tout appris’’ pendant ses dix années passées sur l’île bagne. D’ailleurs c’est à Robben Island que Mandela a appris l’Afrikaans et a étudié par correspondance à l’université de Londres. Il en est de même pour kgalema Motlante. En effet, Robben Island est d’autant plus célèbre qu’il a produit 3 présidents noir Sud-Africains  (Mandela, kgalema Motlante et Jacob Zuma). D’où la phrase humoristique de Mandela ‘‘Dans mon pays, nous allons en prison avant de devenir Président.’’

‘‘ L’éducation est votre arme la plus puissante pour changer le monde.’’ 


Vie familiale :
Nelson Mandela, dont la vie fut accaparée par la lutte politique, n'a jamais réussi à mener une vie familiale "normale". Il n’a finalement pas eu de vie privée et après 27 ans de réclusion, ses enfants lui étaient devenus étrangers.  De la clandestinité à la prison, pour devenir chef d’état, c’est sa famille qui aura tout compte fait, payé le plus lourd tribut pour l’avènement de la démocratie en Afrique du Sud.  Dans une interview[3] poignante de sa fille Maki Mandela[4], cette dernière relate ‘‘l’échec’’ familial de son père.

"Quand j'étais jeune, mon père a eu une présence passagère dans ma vie. D'abord, il a quitté la maison, ensuite il est entré dans la clandestinité, puis il est allé en prison, donc je n'ai jamais eu de lien intime fille-père avec lui. Quand il est sorti de prison, j'étais une femme mariée avec mes propres enfants. Dans son esprit, j'étais encore une fillette de cinq ou six ans."

Elle va plus loin pour ajouter : "Je pense vraiment qu'il aurait pu faire les choses différemment. […] il ne fait pas l'effort de vraiment s'engager auprès de nous [Ndlr.ses enfants]. Il est ouvert au monde, mais maladroit dans ses relations intimes avec sa propre famille. […] Je ne pense pas qu'il sache exprimer ses émotions. Il ne sait tout simplement pas comment le faire. Je ne sais pas s'il m'aime. Les enfants doivent apprendre à accepter que, parfois, ils ne sont pas vraiment aimés par leurs parents.’’

Et pour conclure : "Je réalise qu'il est un grand homme, mais je peux aussi voir qu'il existe des domaines de la vie qu'il n'a pas réussi…’’

‘‘Les hommes qui prennent de grands risques doivent s'attendre à en supporter souvent les lourdes conséquences’’


Passer 27 ans de sa vie en prison, ne peut pas être sans conséquences. Et pour cause ! Comme pour perpétuer ses années de prison, Mandela a fait construire sa maison de retraite dans son village d’enfancce, Qunu, sous la réplique exacte de son dernier lieu de détention, à savoir Victor Verster Prison. Le fait est que Mandela avait gardé une certaine nostalgie de ses années de détention, Le calme et l'esprit de camaraderie qui y régnait lui manquaient, il avait fini par ‘‘aimer’’ la prison, il a même dit : ‘‘Oui, je suis toujours en prison.’’

‘‘Je ne suis pas vraiment libre si je prive quelqu'un d'autre de sa liberté’’


Hamba kahle Tata Madiba !*
*Va en paix papa Madiba ! (Xhosa)

Note: toutes les citations reprises ici sont de Nelson Mandela.

[4] Fille de Nelson Mandela issue de son premier mariage avec Evelyne Mase. Elle est le seul enfant en vie sur les quatre que le couple a eu.

2 commentaires:

LINUS PROJECTS (INDIA) a dit…

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